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lundi 29 août. — 1870.

Nancy et marchait en avant dans le sens de l’invasion. Mais ce soir il est revenu sur ses pas, comme pour se replier sur l’Allemagne. C’est évidemment que ces bœufs ont reçu la dépêche d’Épinal et leur retour devient la preuve tant désirée de la victoire de Mac-Mahon et de l’extermination de l’armée prussienne. Ainsi voilà les évolutions de ces bons bœufs qui s’élèvent, sans qu’ils s’en doutent, à la hauteur d’opérations stratégiques. Grâce aux bœufs bavarois, bon nombre de Nancéiens iront se coucher ce soir avec la persuasion que les Prussiens sont en déroute et qu’ils ne vont pas tarder à suivre la retraite de leurs troupeaux.


LUNDI, 29 AOÛT.

La prière au corps de garde. — Une manifestation à désavouer. — Encore les bœufs stratégiques. — Promenade à Sainte-Camille. — Une bonne précaution.

Hier soir, il y a eu du tumulte sur la place Stanislas. Voici l’occasion de cette échauffourée : Tous les soirs, à neuf heures, à un signal donné par le tambour et suivi d’un cri d’appel, les soldats allemands de garde à l’Hôtel-de-Ville sortent du poste et se rangent en file devant la porte. Là, droits, immobiles, graves, la main levée au casque ou au schako, catholiques ou protestants, la règle est la même pour tous, ils font une courte prière et rentrent après l’accomplissement de ce devoir religieux. Ce qui est triste à dire, c’est que le populaire nancéien,