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le monde, je m’étais attaché à en faire le tableau familier, intime, fidèle et vivant de ce qui s’était passé au milieu et autour de nous pendant l’invasion. Naturellement, tous ceux qui m’avaient vu à l’œuvre désiraient savoir comment j’avais reproduit les souvenirs encore tout récents de la terrible épreuve que nous venions de traverser, et le moment paraissait venu de répondre à la curiosité qu’on me témoignait.

Mais si nous n’étions plus en guerre, nous étions toujours au pouvoir de l’ennemi. Dans nos contrées de l’Est, l’occupation avait succédé à l’invasion, et l’imprimerie, la librairie et la presse restaient sous la surveillance de l’étranger. Or, sans être une déclamation contre l’Allemagne, mon livre s’exprimait avec assez de franchise et de liberté sur la politique et les actes de ses chefs pour risquer de leur porter ombrage, et de s’attirer des poursuites qu’il était imprudent de provoquer. C’est ce qu’on me fit comprendre, quand j’essayai de négocier l’affaire de sa publication, et il ne se trouva,