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mercredi 24 août. — 1870.

tions catholiques aux applaudissements d’une bonne partie de leurs peuples.

Non, il n’y a plus de nations catholiques dans le monde, mais il y a une société catholique qui est l’Église dont les enfants, dispersés partout, luttent partout dans la mesure de leur bonne volonté et de leurs forces contre le génie du mal et de la destruction. Or cette Église qui a formé tous les peuples actuels et qui est destinée à leur survivre, n’a rien à craindre de la victoire de la Prusse, pas plus que des assauts de la Révolution. Car si elle doit en ressentir quelque dommage, ce ne sera qu’une épreuve passagère, dont elle sortira pour se relever dans des conditions meilleures et pour recommencer l’œuvre du sauvetage des nations qui voudront bien encore la reconnaître pour leur mère. C’est donc comme Français seulement que nous avons tout à craindre des suites de la guerre présente : comme catholiques, nous pourrons avoir à en gémir, mais nous savons que l’Église s’en tirera toujours et nous n’avons pas à nous inquiéter de ses destinées.

À midi, déjeuner chez Eugène Benoist, vrai déjeuner de bivouac, comme on peut faire quand on est envahi, qu’on ne reçoit plus de traitement et qu’on voit sa bourse se tarir. Après le repas, nous passons au cabinet de travail pour étudier sur les cartes les opérations des armées. E. Benoist n’est pas seulement un bon philologue, comme son édi-