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mercredi 24 août. — 1870.

Tous ces faits me sont donnés par le curé de Vergaville comme parfaitement certains.

Est-ce à dire pour cela que nous soyons menacés d’une guerre religieuse et que la Prusse ait entrepris en même temps que l’abaissement politique de la France, l’anéantissement de l’Église catholique dans le monde ? Si cela est, ou si cela doit être un jour, ce qui est possible, ce ne sont pas les quelques incidents que je viens de rapporter qui autorisent suffisamment à le croire, ou à le pressentir. Cette guerre reste pour le moment, à ce qu’il me semble, une guerre purement politique et nationale, et je ne vois pas encore que la question du catholicisme et du protestantisme y soit engagée.

Maintenant, il est clair que la victoire de la Prusse grandirait démesurément la situation du protestantisme en Europe et que les catholiques ont de justes raisons de s’en alarmer. Déjà la presse protestante d’au-delà du Rhin entonne l’hymne du triomphe, et célèbre la prépondérance de la Prusse, en mettant en regard le déclin des nations catholiques que tant de voix hérétiques et incrédules déclarent vouées à une irrémédiable décadence. Aussi l’on prévoit qu’après l’événement, s’il se consomme, on répétera en chœur que c’est à l’Église catholique qu’il faut s’en prendre, et que pour rentrer dans la voie du progrès on devra commencer par en finir avec elle. L’argument est spécieux et il embarrasse