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mercredi 24 août. — 1870.

sont de vraies mitrailleuses. Et malheur à qui les contredit ! J’en sais plus d’une qui me regarde de travers, pour avoir tenté de la détromper. Cela devient, auprès de l’un et de l’autre sexe, une tâche trop ingrate. J’y renonce désormais. Évidemment c’est une maladie à laquelle il faut laisser son cours, en confiant au temps le soin de replacer notre population dans sa lucidité et son bon sens.


MERCREDI 24 AOÛT.

Les Prussiens et les églises de village. — Est-ce une guerre religieuse ? — De la décadence des nations catholiques. — Vitalité éternelle de l’Église. — La géographie ne suffit pas.

M. l’abbé Mouchette, ancien vicaire de la Cathédrale, depuis peu curé de Vergaville, près de Dieuze, me renseigne sur les profanations commises par les Prussiens dans certaines églises et confirme ce que j’en ai dit plus haut. À Kerprich, ils ont couché dans l’église, et ils l’occupaient en armes, pendant la messe, le jour de l’Assomption. À Dieuze, il s’est passé quelque chose de semblable. À Crévic, un aumônier protestant s’est servi de l’église, pour y accomplir les cérémonies de son culte. À Lagarde, ils ont aussi passé la nuit dans l’église, et l’on n’a pu y officier le jour de l’Assomption. À Aingeray, à Champenoux, il y a eu des profanations formelles et directes, et on y a outragé ou mutilé les statues et les images, soit de la sainte Vierge, soit des Saints.