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dimanche 21, lundi 22 août. — 1870.

plus paraître, et ils viennent de l’annoncer au public par ces lignes, les dernières qui doivent, de longtemps peut-être, sortir de leur plume :

« En présence de la situation difficile qui leur est faite, les journaux de Nancy, ne voulant pas fournir une occasion, même apparente, à des mesures plus rigoureuses, font à leurs concitoyens le sacrifice de leur publication, en attendant des jours meilleurs.

Hayen, gérant du Moniteur de la Meurthe.

Hinzelin, gérant de l’Impartial.

Lemachois, gérant du Journal de la Meurthe et des Vosges.

Vagner, gérant de l’Espérance. »

Ce suicide héroïque ne faisait pas l’affaire de l’autorité prussienne. Elle avait compté que les journaux de Nancy passeraient par ses fourches caudines et qu’elle les ferait servir à ses fins. — « Comme vous avez la tête près du bonnet, dit à nous journalistes l’employé chargé de traiter spécialement cette affaire, nous n’avons jamais songé à vous empêcher de paraître, et nous n’avons pas l’intention de vous faire la vie dure. Mais je reconnais là les journalistes, avec leur intraitable susceptibilité. Ils sont les mêmes dans tous les pays. — Alors ne vous étonnez pas de ce que nous avons à vous dire. Notre résolution est prise, et bien prise : nous venons vous la faire connaître et nous avons l’honneur de vous saluer. » — Et voilà comment il se fait qu’il n’y a plus de journaux à Nancy.