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dimanche 21, lundi 22 août. — 1870.

qui doit gémir là-bas sur ton infortune et qui, sans doute, s’apprête par d’héroïques efforts à assurer sa délivrance et la tienne. Jadis, dans une grande détresse, analogue à celle de l’heure présente, la France a trouvé dans une sublime enfant de tes campagnes la victime qui devait payer pour elle et la sauver. Renouvelle ce sacrifice en t’immolant tout entière, et que l’holocauste spontané de ton sang et de tes douleurs obtienne que l’épreuve commune soit abrégée et remplacée par les consolations de la victoire !

Lundi 22 août. — Ce matin, il me tombe par hasard sous la main le numéro du 17 août d’un nouveau journal intitulé l’Histoire qui raconte l’impression produite en France par la nouvelle de l’arrivée des Prussiens à Nancy. C’est M. Gambetta qui, dans la séance du 15, a porté le fait au Corps législatif, avec des accents indignés, et en brandissant du haut de la tribune ce numéro de l’Espérance dont j’ai raconté précédemment l’envoi fortuit à Paris. Certes, il n’y a pas à s’étonner de l’émotion soulevée dans l’Assemblée et dans toute la France par un événement qui dévoilait la réalité d’une situation dont on ne soupçonnait pas encore tous les périls. Mais qu’il se soit trouvé des législateurs assez légers pour s’étonner que Nancy n’ait pas arrêté le torrent qui est venu l’engloutir, et pour improviser des tirades ironiques qui livrent