Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
dimanche 21, lundi 22 août. — 1870.

épargnées et qu’il s’y commet, çà et là, d’odieuses profanations. Je me refuse encore à croire, quoi qu’en pensent certaines personnes, que cette lutte prenne le caractère d’une guerre de religion, puisqu’une bonne partie des soldats qui nous envahissent sont catholiques ; mais soit brutalité de vainqueur, soit fanatisme protestant, soit impiété pure et simple, il s’est commis dans certaines églises de village des actes révoltants, tels que mutilation de statues de la sainte Vierge, outrages à des images vénérées, déposition d’ordures et installation de chevaux comme dans des écuries. Il faut signaler ces excès à la réprobation universelle. J’indiquerai les localités où ils ont été commis, quand j’aurai pu faire à ce sujet une plus ample et rigoureuse information.

Pauvre Lorraine, tu n’es encore qu’au début de tes souffrances et, sans doute, il est heureux pour toi qu’un bandeau te dérobe celles qui t’attendent dans l’avenir ! Le fardeau du jour pèse assez sur tes épaules pour que tu n’y ajoutes pas la préoccupation des maux qui te sont réservés pour le lendemain. Mais pour obtenir que ta peine présente te soit plus légère, invoque l’assistance de Celui qui te l’impose, prie-le de venir en aide à ta faiblesse, et surtout fais-toi de ton malheur une vertu en l’acceptant avec résignation et en l’offrant comme une expiation volontaire pour le salut de notre France