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dimanche 21, lundi 22 août. — 1870.

les villages, dans les hameaux, dans les fermes, chevaux, bétail, fourrages, vivres, tout est bon à prendre, et tout est pris. La vallée de la Seille est dévastée. En se rapprochant de Nancy, on signale Laneuvelotte, Champenoux comme ayant le plus souffert. De l’autre côté, ceux qui sont venus par Lunéville ont fait leurs razzias à Blainville, Bayon, Haroué, Vézelise, Colombey. On a enlevé de tel village plus de cinquante chevaux à la fois ; on cite tel cultivateur à qui on en a pris huit ou dix. Tous les voituriers sont en campagne pour les réquisitions. On raconte qu’à Salival, on a mis la main sur le magnifique bétail de M. Pargon, le lauréat de l’avant-dernier concours régional de Nancy. M. Pargon possède en chevaux, en reproducteurs de l’espèce bovine et surtout de l’espèce ovine des types perfectionnés d’un très-grand prix, qu’il sera très-difficile de remplacer. S’il est vrai qu’ils soient enlevés par l’ennemi, le dommage sera à peu près irréparable. Ce sont là des pertes que l’indemnité ne compensera jamais. Quant aux châteaux et maisons de plaisance, malheur à eux quand ils reçoivent la visite d’officiers butors et malappris. C’est ce qui est arrivé à Pont-Saint-Vincent, dans le château de M. de Bonfils, qui a eu à subir, lui et sa femme, les plus indignes avanies.

Ce qui met le comble à la désolation des campagnes, c’est que les églises elles-mêmes ne sont pas