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dimanche 21, lundi 22 août. — 1870.

colonel goujat que notre pauvre ami M. Gouy a eu à subir.


DIMANCHE 21, LUNDI 22 AOÛT.

Collision, arrêté contre les rassemblements. — Souffrances des campagnes. — Profanation des églises. — La victime expiatoire. — Injustice de l’opinion contre Nancy. — Les on dit de la place. — Le prince de Hohenzollern à l’Évêché. — Les journaux nancéiens cessent de paraître.

Il y a eu, hier soir, une échauffourée sur la place Stanislas. Des officiers allemands, attablés au café Baudot, ont entonné des chants nationaux, malsonnants pour nous. La foule leur a répondu par la Marseillaise. Les Allemands ont sommé les chanteurs de se taire. Moment de silence, suivi bientôt du chant des Girondins. Nouvelle sommation des Prussiens, accompagnée de menaces. Réponse de notre part, que nous sommes en France et que nous avons le droit de chanter nos airs patriotiques. Sans pousser la chose plus loin, les Prussiens se contentent d’établir autour du café un cordon de sentinelles pour tenir la foule à distance. Mais ce matin, on vient d’annoncer au son du tambour que les rassemblements au-dessus de trois personnes sont interdits sous peine d’être fusillé. C’est à prendre en considération.

En comparaison de ce qu’endurent les campagnes, Nancy peut se dire sur un lit de roses. Dans