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samedi 20 août. — 1870.

Quant à moi, j’aimerais mieux le franc-aveu de l’ambition qui les pousse, que cette parade de sensiblerie pacifique qui ne trompe personne et qui donne une triste idée de la sincérité de ceux qui l’étalent.

Visite à M. le baron Guerrier de Dumast pour me renseigner sur le prince héritier de Saxe-Weimar, qui a été son hôte ; ce prince, neveu de la reine de Prusse, petit-fils de l’empereur de Russie, est un jeune homme de 24 ans, assez épais de forme, mais de très-bonnes manières et poussant la chose, me dit M. de Dumast, jusqu’à l’archipolitesse. Il était accompagné de son chef d’état-major, le baron de Bodmann, né Badois, qui parle français dans la perfection. M. de Dumast me cite deux traits de la réserve que s’est imposé le prince dans sa demeure. Au moment du dîner, un simple officier survint muni de son billet de logement. M. de Dumast demande au prince s’il veut que le nouvel arrivant se mette à table et soit du repas. — « Je n’ai pas d’ordre à donner ici, répond le prince. » — M. de Dumast restait le maître d’inviter : mais il comprit qu’il fallait garder les distances, et l’officier fut servi à part. — Devant la fenêtre du salon s’ouvre une longue galerie qui domine la Pépinière. Le prince la regardait, mais sans prendre sur lui de s’y promener : il lui fallut un signe de M. de Dumast pour qu’il se décidât à le faire. Nous voilà bien loin du