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samedi 20 août. — 1870.

moyens de circulation nous fussent rendus, et qu’il fût permis au commerce de pourvoir au ravitaillement de la ville. Mais il n’est encore rien résulté de cette démarche. Il en est de même de celle qui a été tentée pour obtenir la faculté de se servir de la poste prussienne pour correspondre avec les siens, au moins par lettres ouvertes. On a répondu que, les armées étant en ce moment en présence et sur le point d’en venir aux mains, on ne prendrait de décision qu’après l’événement. De tout ce qu’elle a demandé, le prince royal n’a accordé à la municipalité qu’une seule chose, à savoir, pour la manufacture de tabac, la permission de reprendre ses travaux. Ce sera de l’ouvrage pour huit cents ouvrières, et Dieu sait si elles en ont besoin !

Ce dont on sait le plus de gré au prince Frédéric-Guillaume, c’est qu’il a ramené à son taux réel de 3 fr. 75 cent. le thaler, qu’on nous avait forcé d’abord de prendre au taux de 4 francs. On a été surpris de voir le nom de M. Podevin, préfet de la Meurthe, au bas de l’affiche qui annonce cette mesure réparatrice. La vérité est que c’est sur les représentations de M. Podevin qu’elle a été prise, et il est juste qu’on sache que c’est à lui qu’il faut en avoir obligation. Mais il aurait mieux fait de ne pas mettre son nom en avant et, en signant cet acte, il s’est exposé au désagrément de faire dire au public, ce qui est ridicule sans doute, qu’il est devenu préfet prussien.