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samedi 20 août. — 1870.

Ce langage est imité de la déclaration de Francfort où les alliés disaient, avant la première invasion, « qu’ils ne faisaient pas la guerre à la France, mais à la prépondérance que Napoléon a trop longtemps exercée hors des limites de son empire. » Mais cette tactique de la coalition de 1814 avait sa raison d’être, parce que Napoléon Ier était un grand homme de guerre, dont on redoutait le génie, et qui pouvait toujours frapper de grands coups. Il importait donc aux alliés de l’isoler et de détacher de lui la nation. Mais avec Napoléon III, cette ruse est du luxe, et ce n’est pas son génie militaire qui arrêtera l’invasion qu’il a si follement provoquée. Il est vrai que s’il tombe, nous voilà dans l’anarchie, et alors nous serons encore plus malades. Ainsi, pas d’espoir de nous sauver avec lui, et sa chute ne serait pour nous qu’un malheur de plus, ajouté à celui qu’il nous a attiré. Quel terrible impasse ! et comment la Providence nous accordera-t-elle d’en sortir ?


SAMEDI, 20 AOÛT.

Le maire et le prince royal. — Un service et une faute du préfet. — Le pour et le contre chez les Prussiens. — Un colonel grossier. — Un prince réservé.

On avait espéré que l’arrivée du prince royal apporterait quelque adoucissement à notre situation. Le jour même de son entrée dans Nancy, le maire, M. Welche, est allé lui demander que des