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vendredi 19 août. — 1870.

garçons barbiers, qui sont à demi-chirurgiens en Allemagne, et presque tous les étudiants de l’Université d’Erlangen, se sont donné cette distraction. Pour cela, ils n’ont d’autre formalité à remplir que de s’affilier à l’internationale, et de se décorer de son brassard rouge, ce qui les transforme en bienfaiteurs de l’humanité. En réalité, ils ne sont pour nos campagnes que des fléaux, et de tous nos envahisseurs, ce sont eux que les populations voient avec le plus de répugnance et d’antipathie. Enfin, plus bas que ces gens-là, et tout à fait à la queue des armées, il y a les bandes de vauriens, de vagabonds, de misérables, sortis la plupart de la Forêt-Noire, et que nos contrées de l’Est connaissent trop bien sous le nom de bohémiens. Ces drôles s’abattent dans nos campagnes, quand les soldats ont levé le camp. Ils se donnent comme des auxiliaires de l’armée, et les habitants, terrifiés par leurs menaces, se laissent exploiter, dépouiller par eux de ce que leur ont laissé les soldats. Toutefois, là où on leur tient tête, ils filent doux, et on en a facilement raison avec quelques coups de trique. Nous recommandons ce procédé à tous ceux qui reçoivent la visite de ces maraudeurs.

En remontant cette échelle de fléaux qui sont venus s’abattre sur notre malheureuse patrie, on trouve en tête les chefs de l’armée d’invasion et leur dévorant entourage. C’est d’abord Son Altesse