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vendredi 19 août. — 1870.

par un boulet, et que les deux cadavres, le sien et celui du général, ont été rapportés à l’hôtel de France, où le prince royal a établi son quartier-général depuis deux jours. Est-il besoin de dire qu’il n’y a pas à prendre au sérieux ces vaines rumeurs, que ne garantit aucun témoignage, et qui ne servent qu’à consoler un instant le patriotisme désolé de la foule ?


VENDREDI, 19 AOÛT.

Un officier délicat. — Le matériel d’une armée. — Les internationaux. — Les maraudeurs. — Les princes à Nancy. — Tactique des proclamations prussiennes.

Hier, il m’est arrivé un nouvel officier à loger. Je l’ai envoyé dîner à l’hôtel, mais il n’a pas accepté l’argent que je lui tendais. Ce matin encore, il est allé déjeuner à ses frais, et il est reparti cet après-midi, en me prodiguant toute espèce de salutations respectueuses, ce que je dois certainement à ma qualité de professeur, si considérée en Allemagne, où l’on a encore conservé la faculté de respecter quelque chose. Je tiens à ce qu’on sache le nom de cet officier si délicat et si peu coûteux, et je transcris à cette intention la carte qu’il m’a laissée en partant : Albert Raab k. b. militair apotheker. Du reste, c’est, comme le vétérinaire, un Bavarois.

Il faut le voir pour se faire une idée de l’immen-