Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

première que j’aie vue, et je souhaite n’en plus voir d’autres que vous.


Catherine appela un vieux valet et lui ordonna d’habiller l’enfant, pendant qu’elle irait s’informer de la santé de sa mère et ne demeurerait que peu d’instants absente. En la voyant se disposer à sortir de la chambre, l’enfant la suivit d’un œil fixe et plein de larmes.


— Oh ! revenez, je vous en conjure ! lui dit-il avec tendresse, revenez bientôt ! Si vous ne revenez pas, je me sentirai mourir !


La jeune fille le quitta, toute émue, ayant peine à retenir ses larmes et ne comprenant pas la cause d’une si singulière émotion. Lorsqu’elle entra dans la chambre de sa mère, Jules de Guersens y était encore ; il rougit en la voyant paraître et se leva d’un air timide et embarrassé, qu’elle ne se souvenait pas d’avoir remarqué chez lui en toute autre occasion. Elle en fut troublée et inquiète, en attribuant cet embarras à un entretien que son arrivée avait interrompu.


— Je ne viens qu’un moment auprès de vous, bonne mère, lui dit-elle. Je constate avec plaisir que notre ami vous tient compagnie et vous empêche de vous apercevoir de ma longue absence.


— Elle a duré, en effet, bien longtemps, reprit madame Neveu : deux heures au moins, et je dois maudire la poésie qui me prive ainsi de ta présence, surtout dans un moment où il était grandement question de toi…


— De moi ? répliqua Catherine, qui tourna les yeux vers Jules de Guersens, pour avoir l’explication de ce reproche.


— Ne devines-tu pas ? lui dit sa mère. Jules de Guersens,