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INTRODUCTION



convalescence du vieux conteur

Je l’ai dit ailleurs : je suis vieux et bien vieux, quoique les centenaires deviennent de plus en plus rares depuis le temps du patriarche Jacob, dont je ne descends pas toutefois en ligne directe. J’ajouterai que mon nom est le seul point d’analogie qui me rapproche de cet antique chef d’Israël ; il ne m’est pas donné, comme à lui, de voir dans mes derniers jours les enfants de mes petits-enfants, ni d’espérer une race aussi nombreuse que les étoiles. Voilà pourquoi je cherche à me créer une famille chez les autres et à me consoler de mon existence solitaire par de douces illusions. Il est si aisé de se persuader que tout ce qui nous aime nous appartient !

J’ai donc ainsi beaucoup, beaucoup d’enfants et de petits-enfants, fils et filles, qui répondent à ces noms-là avec tendresse, et qui m’appellent à leur tour papa Jacob, sans qu’il leur en coûte de prendre cette douce habitude. L’affection vraie et naïve que je sais leur