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de la flamme du foyer. Enfin, l’enfant poussa un faible soupir et entr’ouvrit les yeux qu’il referma aussitôt. Il était sauvé ; on le mit dans le lit sous d’épaisses couvertures, et on le laissa reprendre ses sens, en évitant de l’émouvoir et de le troubler, pendant qu’il achevait de revenir à lui.


Jules de Guersens s’aperçut seulement alors de l’état où il se trouvait lui-même, mouillé des pieds à la tête et ayant besoin de changer de vêtements. Il demanda donc à Catherine Neveu la permission de s’absenter, en lui promettant de ne pas rester longtemps éloigné de son petit malade et la rassurant absolument sur les suites d’un accident qui avait failli causer la mort de cet enfant. Catherine, assise au chevet du lit dans lequel on avait couché l’enfant, qui commençait à se ranimer, ne l’avait pas encore quitté des yeux : elle pleurait silencieusement, en regardant cette gracieuse et sympathique figure, empreinte d’une pâleur mortelle, où n’apparaissaient pas encore les signes évidents du retour à la vie.


— Cet enfant est hors de danger, dit le médecin en partant ; mais il réclame toujours des soins, et je conseillerais d’avertir les parents.


— Ce malheureux enfant n’a peut-être pas de mère, objecta Catherine ; s’il en avait une, elle ne l’eût pas laissé s’exposer ainsi à se noyer dans le Clain. Pauvre cher enfant ! ajouta-t-elle avec un accent de tendre pitié, tu n’as donc plus de mère ?


L’enfant avait entendu cette voix pénétrante, qui lui allait jusqu’au fond du cœur. Il fit un mouvement et rouvrit les yeux, puis il les ferma et les rouvrit encore,