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aperçut un enfant qui disparaissait déjà au fond de l’eau. Il ne prit pas le temps de quitter ses vêtements, et il entra tout habillé dans l’eau, qui, par bonheur, n’était pas profonde. Il n’eut pas de peine à y retrouver l’enfant évanoui, qu’il prit dans ses bras et qu’il déposa sans mouvement sur la rive. Le pauvre petit respirait faiblement, mais, comme sa respiration devenait plus rare et plus pénible, le médecin jugea que l’asphyxie faisait des progrès et que l’état de cet enfant exigeait des soins aussi prompts qu’énergiques. Il le prit entre ses bras, espérant encore le rappeler à la vie, et il l’emporta, en courant, jusqu’à la maison de madame Neveu.


— Vite ! vite ! disait-il à Catherine. Qu’on allume un grand feu ! Il nous faut du linge bien chaud ! Il n’y a pas une minute à perdre ! le pouls ne bat plus ! Où allons-nous coucher cet enfant ? Il est bien malade, s’il n’est pas déjà mort !


Ce fut dans sa propre chambre, où elle ne couchait jamais, que Catherine, toute émue et toute en larmes, fit transporter l’enfant, que le médecin avait débarrassé de ses hardes mouillées pour l’envelopper de linges chauds, pendant qu’on allumait dans la large cheminée un beau feu pétillant, avec des fagots et des bourrées. Il s’agissait de ramener la chaleur dans ce corps glacé, qui ne donnait plus signe de vie, mais Jules de Guersens percevait encore un léger battement du cœur. Tout espoir n’était donc pas perdu : il se mit à frotter doucement, avec de la laine, toutes les parties du corps, que le froid de la mort semblait avoir déjà envahies ; puis, il insuffla de l’air dans la poitrine, qu’il présentait alternativement à l’action