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venir à lui un poisson monstrueux, qui, la gueule béante, semble prêt à le dévorer ; il veut s’enfuir et regagner le bord…


— C’est là que l’ange doit l’encourager, reprit Jules de Guersens, en lui adressant ces deux vers, par exemple :


Arme-toi de courage, enfant, au nom du ciel !

Ce monstre peut t’aider : il vient t’offrir son fiel.


— Je pensais, dit Catherine, montrer Tobie qui court gros risque de se noyer, et l’ange qui arrive à point pour lui tendre la main et le sauver. N’est-ce pas là le rôle d’un bon ange, et l’enfant aura-t-il, à lui seul, la force de tuer ce vilain poisson ?



Tout-à-coup des cris de détresse s’élèvent du côté de la rivière


Tout à coup des cris de détresse s’élèvent du côté de la rivière, et Catherine se rappelle sur-le-champ qu’elle a vu, en passant, un enfant à demi-nu, qui s’était avancé au milieu de l’eau, sans perdre pied et qui s’efforçait d’apprendre à nager. C’était, ce ne pouvait être que cet enfant qu’on entendait appeler au secours ; c’était lui qui se noyait, comme le Tobie de la tragi-comédie de mademoiselle Neveu ; c’était la scène même de cette tragi-comédie, que la jeune poétesse allait avoir sous ses yeux.


— C’est Tobie qui se noie ! s’écria-t-elle, en courant vers l’endroit d’où partaient ces cris désespérés, qui s’affaiblissaient par degrés et qui finirent par cesser tout à fait. L’enfant ! l’enfant ! Il a déjà perdu connaissance ! il va périr ! L’ange Raphaël n’est-il plus là pour le sauver ! Sauvez-le, pour l’amour de Dieu !


Jules de Guersens avait suivi mademoiselle Neveu, sans savoir le motif qui l’entraînait vers la rivière, où il