Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

un petit nombre de tragédies, de la même espèce, qui ne trouvaient des acteurs et des spectateurs que dans les collèges.


L’auteur de Panthée était un grand et beau jeune homme, distingué de tournure et de manières, qui n’avait rien de l’apparence solennelle et pédante d’une personnalité médicale : sa physionomie franche et ouverte respirait la bonté et la douceur, mais elle se voilait, par moments, d’une teinte mélancolique et chagrine.


Il n’avait pu se soustraire à l’obligation de porter le bonnet carré de velours noir et la longue robe d’étamine noire, boutonnée du haut en bas par-devant, avec de larges manches tombantes à parements de velours ; il avait même le petit rabat de toile blanche, qui caractérisait les maîtres ès arts et les docteurs de Faculté ; mais ce costume sévère et magistral n’était chez lui que noble et même élégant, par la façon simple et naturelle dont il le portait, contrairement aux habitudes de ses confrères du doctorat, qui se donnaient autant que possible un air imposant et majestueux.


— Merci Dieu ! gentille Catherine ! dit-il en l’abordant. Je suis aise de vous rencontrer par cette radieuse matinée de mai ! J’écoutais à distance votre voix mélodieuse murmurant des vers, que j’admirais sans les entendre. Sont-ce pas des vers de notre Tobie ?


— Oui, répondit-elle avec un charmant sourire : je faisais parler l’ange Raphaël, pour inviter Tobie à se baigner dans le fleuve. L’enfant obéit à cette bénévole invitation ; il se recommande au Seigneur, avant d’entrer dans l’eau, mais il pousse un cri de terreur en voyant