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le fleuve, avait été brisée et coulée à fond par le choc d’un arbre déraciné, et que deux ou trois personnes s’étaient noyés. On retrouva leurs corps, entre autres celui du seigneur des Roches, qu’on n’eût pas de peine à reconnaître et qui fut inhumé dans la chapelle de son château. Mais l’enfant au berceau, qu’il devait avoir avec lui, fut vainement cherché dans les eaux du fleuve : on ne le retrouva pas. La mère aveugle présidait en personne à ces recherches qui durèrent plusieurs jours, et qui n’eurent aucun résultat. Elle conçut dès lors un tel ressentiment, une telle horreur contre son mari, à qui elle attribuait la mort de leur pauvre enfant, qu’elle ne voulut même plus porter son nom de veuve et qu’elle reprit le nom patronymique de Neveu, en retournant s’établir à Poitiers, sa ville natale, où elle ne comptait plus un seul parent, ni un seul ami. Depuis dix ans, son unique occupation