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une bonne action de rabelais

paroles de l’Évangile, laissez toujours venir à moi les petits enfants.

— Ce petit bonhomme n’est pas de notre paroisse, reprit le sacristain en s’en allant, et je le regrette fort, car nous en ferions un joli enfant de chœur.

Rabelais avait passé dans son cabinet d’étude, pour recevoir cet enfant, que lui amenait le sacristain, et qui s’arrêta sur le seuil, tout étonné et troublé du spectacle étrange que présentait ce cabinet de naturaliste et de savant. La chambre était tapissée de vieux livres, de gros volumes reliés en parchemin, et surtout de toiles d’araignées ; des poissons desséchés et vernis pendaient au plafond ; sur la table de travail, des manuscrits et des livres ouverts les uns sur les autres, des papiers entassés ou épars, noircis d’encre ; des plumes, des compas, des télescopes ; dans un coin de cette chambre remplie de poussière, un atelier d’alchimiste, un fourneau avec des alambics, des cornues, des creusets, et des vases en verre ou en cuivre de toutes formes ; dans un autre coin, un bahut ou armoire en bois de chêne, surchargé de pots, de fioles, de bouteilles, de silenes ou boîtes en fayence et en plomb, contenant des onguents et des élixirs de pharmacie ; enfin, çà et là, au milieu du cabinet, des animaux quadrupèdes empaillés, des amas d’herbes et de plantes médicinales, des mappemondes et des sphères astronomiques, des sièges et des escabeaux encombrés d’un pêle-mêle d’objets divers de toute espèce, applicables à différents usages de science et d’art.

Le curé, assis dans une grande chaire ou fauteuil en bois sculpté, accueillit par un sourire avenant et de