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une bonne action de rabelais

encore la force et les moyens d’être utile à un malheureux, il se remit en marche et ne tarda pas à gagner Meudon, lorsque les premières lueurs matinales commençaient à monter dans le ciel et à dorer l’horizon.

Il n’avait rencontré personne sur son chemin et il n’eut pas besoin d’expliquer les causes de sa présence dans la campagne à une heure aussi indue. Il était accablé de fatigue en rentrant au presbytère, où son sacristain l’avait attendu une partie de la nuit, avec l’inquiétude de ne pas le voir revenir.

Rabelais n’eut garde d’éveiller ce fidèle serviteur, qui avait fini par s’endormir profondément, et dès qu’il se fut couché, sans l’éveiller, il s’endormit lui-même d’un sommeil plus profond, de telle sorte qu’il n’entendit pas sonner l’Angélus et qu’il dormait encore de bon cœur, quand le sacristain, qui s’inquiétait de ce sommeil prolongé, entra dans la chambre du curé.

— Guillot, mon ami, je ne dirai pas ma messe aujourd’hui, s’écria Rabelais, qui s’était réveillé en sursaut : il me faut aller visiter un malade.

— Par Notre-Dame ! monsieur le curé, répliqua le sacristain avec une douce et familière gaîté, l’heure de la messe est passée depuis longtemps.

— En vérité, je ne croyais pas qu’il fût si tard, dit Rabelais en se hâtant de se vêtir. Je me suis oublié, cette nuit, à chercher des simples et des insectes