Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/375

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vite, vite, donnez-moi des papiers bons à brûler !


Le père Lalure chercha de vieux papiers, qui avaient servi à envelopper ses livres, et il les tendit à Valentin qui lui dit de les rouler en boule et de faire une provision de ces boules destinées à mettre en fuite les loups. Il y avait, en effet, trois ou quatre loups, qui suivaient la voiture et qui menaçaient de s’attaquer au cheval, dès que le moment leur semblerait propice à cette agression. Le malheureux cheval avait conscience du péril, qui devenait plus sérieux à chaque instant, mais Valentin était prêt à le conjurer. Il alluma successivement plusieurs des boules de papier chiffonné, que le colporteur avait préparées, et il les jetait l’une après l’autre sous les pieds du cheval pour tenir à distance les loups qui voulaient s’élancer sur lui. Il semblait que le pauvre animal avait compris qu’on lui venait en aide et que les projectiles enflammés n’avaient pas d’autre objet que d’éloigner ces animaux féroces. Il hennissait de joie et galopait de meilleur cœur, toutes les fois qu’une boule de feu traçait dans l’air un sillon de lumière et tombait, enflammée, à ses pieds.


Les loups, en revanche, perdaient de leur audace et restaient en arrière ; ils ne renoncèrent pourtant à suivre la carriole, que quand elle fut sortie des bois et que la route se prolongea à découvert dans la plaine. Alors seulement le père Lalure fut rassuré, et il embrassa cordialement l’enfant, qui l’avait sauvé d’un danger presque inévitable, avec tant de présence d’esprit et tant de courage.


— Ah ! mon cher petit ! lui dit-il sympathiquement, combien