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comme toi, mon pauvre garçon ; j’ai une bonne voiture, un bon cheval, et si je savais ce que tu vas faire en Lorraine, je pourrais bien t’y conduire.


— Oh ! Monsieur, vous êtes bien bon ! dit Valentin, en rougissant de surprise et de joie. Mais vous ne me connaissez pas !


— Tu as une honnête frimousse, qui me plaît et me donne confiance, répondit le gros homme. Je ne te connais pas, en effet, mais, tous les jours, on fait connaissance et bonne connaissance. D’ailleurs, tu me rendras quelques services : tu donneras l’avoine au cheval, tu l’attelleras et le dételleras, tu lui feras sa toilette, et quand nous serons en ville, tu porteras mes paquets de livres…


— Eh quoi ! Monsieur, vous avez des livres à porter ? interrompit Valentin. Je serais si heureux de voir des livres !


— Tu en verras, dans ma voiture, plus que tu n’en as jamais vu, dit le gros homme, car je suis colporteur et marchand de livres. Est-il possible qu’un marmot de ton âge s’avise d’aimer les livres ? Mais tu ne sais pas lire ?


— Je ne sais pas lire aussi bien que vous, sans doute, repartit l’enfant avec modestie ; plus tard, je lirai mieux, sans doute, quand M. le curé de Monglas m’aura donné encore quelques leçons.


— Puisque tu connais un curé, petit, je n’ai pas besoin d’autre recommandation, dit gaiement le gros homme. Nous allons partir. Va mettre ton bagage dans la voiture, attelle le cheval, et attends-moi.


— Je n’ai pas de bagage, Monsieur ! reprit Valentin, qui