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découverte, auriez-vous l’extrême bonté de me dire si je suis bien sur la route qui mène à Langres ?


— Sans doute, mon petit, répondit le gros homme en riant, mais Langres n’est pas près d’ici, et il faut encore neuf ou dix heures de voiture pour y arriver.


— Dix heures de voiture ! répéta l’enfant avec inquiétude. Il faudrait donc quasi le double de temps pour faire la route à pied ?


— À pied ? repartit le gros homme, en riant plus fort ; c’est toi, mon petit, qui voudrais faire à pied douze grandes lieues de pays ?


— Dix-sept lieues de poste, ajouta flegmatiquement l’autre homme qui remplissait son verre de vin et qui le vida d’un trait.


— Il reste trois ou quatre heures de jour, dit le gros homme qui avala aussi un grand verre de vin. Un homme, qui marcherait bien et sans traîner la patte, arriverait dans deux heures à Rolampont et dans quatre heures à Humes, pour passer la nuit. Puis, demain, il y aurait à faire neuf bonnes lieues dans la journée, pour arriver à Langres vers la tombée du jour. Diable ! je plaindrais celui qui aurait demain ces neuf lieues-là dans les jambes.


— Il faut pourtant que je les fasse, dit l’enfant avec simplicité, mais je coucherai en route, soit à Rolampont, soit à Humes, et le lendemain j’irai jusqu’à Langres, où je compte me reposer, avant de me remettre en route pour la Lorraine.


— C’est en Lorraine que tu vas, petit ? répliqua le gros homme, qui parut s’intéresser davantage à l’enfant. Et moi aussi, je vais en Lorraine, mais je n’y vais pas à pied,