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Le bien qu’on fait sur la terre nous est rendu au centuple dans le ciel.


Il avait continué sa route, en marchant d’un bon pas ; il ne voyait sur son chemin aucun village, et il allait toujours en avant, dans l’espoir d’en trouver un. Il avait fait au moins cinq lieues, quand il arriva devant une maison de poste. Le lieu lui paraissait bon, pour demander les renseignements dont il avait besoin, afin de se diriger plus sûrement vers le but plus ou moins éloigné qu’il se proposait d’atteindre.


Il sentait son estomac vide, et il s’aperçut alors qu’il avait laissé son havresac et ses provisions à l’endroit où il déjeunait, quand son repas fut interrompu par la chute du fermier dans la rivière. Il possédait bien dans sa poche deux écus qui composaient toute sa fortune et que le vieux berger l’avait forcé d’accepter, mais cet argent lui semblait indispensable pour achever son long voyage. Une carriole, couverte en toile cirée, stationnait à la porte de la poste ; le cheval, à moitié dételé, mangeait son picotin d’avoine, mais la voiture, remplie de ballots et de paquets, n’était gardée par personne. Valentin entra résolument dans le bureau de la poste.


Le conducteur de la carriole était là, qui se reposait en buvant un verre de vin avec le maître de poste. Valentin salua poliment les deux buveurs, en ôtant son bonnet à deux mains, et adressa la parole à celui qui avait la figure la plus avenante. C’était un gros homme, à la mine rubiconde et à l’air réjoui, vêtu d’une blouse de laine grise et coiffé d’un chapeau de feutre gris à larges bords.


— Monsieur, lui demanda Valentin, en restant la tête