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tableaux de la nature champêtre, que Valentin commença un cours d’études générales, sans autre guide que son bon sens inné et sa raison supérieure à son âge, sans autre maître que son intelligence naturelle et son désir de s’instruire. Par un effort inouï de volonté et de patience, il apprit à lire couramment, en concentrant sa pensée sur chaque ligne, sur chaque page de ce Catéchisme qui lui tenait lieu d’Alphabet et de Grammaire. Ce n’est pas tout : il avait pris un crayon, sur la table du bon curé, avec quelques feuilles de papier blanc qu’il conserva comme un trésor, pour y tracer des lettres et des mots bizarrement caractérisés par des traits d’écriture informes et qu’il imitait tant bien que mal, d’après le texte imprimé de ce Catéchisme dans lequel il avait pris toutes ses leçons de lecture. Il écrivait donc d’une manière barbare et incorrecte, mais il avait fini par savoir lire si parfaitement, qu’il lut et relut à plusieurs reprises tout ce qui restait du Catéchisme, où il apprit les dogmes fondamentaux de la religion catholique et les premiers principes de la morale.


Son instruction en géographie ne fut pas poussée au-delà de l’étude minutieuse de la carte qu’il possédait, et cette étude minutieuse lui permit de se rendre bien compte de la configuration géographique d’une province de France, que cette carte lui mettait sous les yeux. Il ne lui manquait plus que des livres pour faire des progrès rapides dans une science qui se prêtait bien à la nature de son esprit exact et méthodique. Un heureux hasard le servit à souhait pour encourager ses dispositions à la connaissance de la géographie. Un vieux berger, qui menait paître