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religieuse ; il rappela néanmoins à Valentin que son devoir était de rester avec sa mère et de travailler pour elle. Puis, il s’informa des moyens que l’enfant aurait de gagner quelque chose, en essayant de faire un métier et de se destiner à une profession industrielle. Mais Valentin répondit, d’un ton déterminé, mais non sans rougir, qu’il ne se sentait propre à aucun métier, et qu’après s’être longtemps consulté dans son for intérieur, il n’aspirait qu’à devenir un grand savant.


— Un grand savant ! s’écria le curé, surpris d’entendre un enfant de la campagne exprimer un pareil désir. N’est pas savant qui veut, mon cher petit ! Mais il n’y a pas encore de temps perdu, et l’on verra plus tard quel savant tu peux être.


— Je ne demanderais qu’à savoir lire et écrire, dit gravement Valentin ; le restant viendrait tout seul.


— Lire et écrire ! répéta le curé en riant : un savant, en effet, ne peut demander moins. C’est bien fâcheux que je parte demain, mon ami, car, à voir ton ardeur pour apprendre, je crois bien que tu saurais lire et écrire dans deux ou trois mois.


— Vous êtes si bon, monsieur le curé, reprit l’enfant, que vous me donnerez bien, ce soir, ma première leçon de lecture ?


Le curé, étonné, enchanté de l’ardeur extraordinaire que manifestait cet enfant de neuf ans, commença sur-le-champ à lui donner la leçon de lecture que Valentin sollicitait, et il se servit, pour cela, de son bréviaire, n’ayant pas d’autre livre à son service. L’enfant était tout yeux et tout oreilles ; il se rendit compte non seulement