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toits : là, il choisit exprès le corps de cheminée qui communiquait avec l’appartement du principal, pour suspendre et fixer, dans l’intérieur même du tuyau de cette cheminée, la cloche, muette encore, au moyen de la corde et d’un morceau de bois attachés le plus solidement possible ; ensuite il accrocha, au battant de la cloche, une longue ficelle, qu’il fit descendre dans le tuyau d’une cheminée voisine, où aboutissait le poêle de la classe de son quartier. Ces préparatifs, que l’obscurité et la gelée rendaient plus difficiles et plus périlleux, avaient été faits avec la plus grande précaution ; ils ne furent terminés qu’à quatre heures du matin, au moment où le principal sortait de sa chambre pour venir lui-même dans la cour faire sonner le réveil en sa présence.


Crébillon, durant son pénible travail, avait dirigé souvent ses regards vers la fenêtre de la chambre du principal, et quand l’horloge sonna quatre heures, il se tint pour averti de rentrer au dortoir, où son absence n’avait pas été remarquée ; mais, auparavant, il eut le temps de voir une partie de la scène comique à laquelle donnait lieu l’enlèvement de la cloche.


Le principal ne trouva même pas la corde qui servait à sonner la cloche, lorsqu’il ouvrit de sa propre main la petite armoire où cette corde devait être renfermée, et le Père Frémion, qui le suivait en frissonnant, s’écria que le Moine-bourru avait sans doute emporté la cloche avec la corde. Quant au Père Griffon, il se réjouissait, en sournois, de l’étonnement et de l’embarras de son supérieur. Il fallut éveiller un à un les élèves, qui s’excusèrent de leur paresse sur le silence de la cloche, et qui poursuivirent