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Crébillon était trop enchanté du succès de sa comédie, pour ne pas tenter de la renouveler une seconde et une troisième fois, sans qu’elle fût découverte. Tout réussit au gré de ses espérances : le Père Griffon sonna encore la cloche privée de battant ; le Père Frémion eut encore le poignet lié à la corde ; les collégiens gagnèrent encore, a ce manège, quelques heures de bon sommeil et un sujet journalier de plaisanteries.


Mais ceux qui, ces jours-là, passèrent sous les verges des Pères correcteurs, se plaignirent d’être traités en victimes expiatoires. Le Père Griffon surtout frappait plus fort que jamais, c’est-à-dire comme un sourd.


Cependant le principal, qui n’était ni superstitieux, ni crédule, n’attribuait point les incroyables aventures des sonneurs à la magie ou à des causes surnaturelles, d’autant plus que rien ne paraissait dérangé dans l’économie de la cloche, qui avait la voix aussi claire qu’auparavant pour appeler le collège à table, à l’étude, à la récréation et au lit. Après avoir imposé de nouveaux jeûnes et de nouvelles pénitences aux deux sonneurs, sans que ceux-ci fussent parvenus à sonner la cloche du réveil ; comme le Père Frémion offrait la démission de sa charge pour complaire au Moine-bourru, le principal annonça qu’il irait lui-même sonner le réveil, en dépit des timides remontrances de ses deux subordonnés qui croyaient fermement que le Moine-bourru lui tordrait le cou.


Cette nouvelle, qui fut bientôt dans toutes les bouches, ne fit que ranimer l’imagination de Crébillon, qui changea de batteries, pour conquérir encore à ses camarades l’addition