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faire retentir un carillon, qui ne pût être révoqué en doute, même par les sourds ; il ouvrit donc l’armoire, pour empoigner la corde qu’il cherchait à tâtons, sans la trouver et sans la voir dans l’obscurité.


— Encore un maudit tour du Moine-bourru ! pensait le sonneur. Pourvu qu’il n’ait pas avalé la corde de ma cloche !


Mais Crébillon ne dormait pas : il avait devancé le sonneur, et pour empêcher la cloche de sonner, il en avait détaché la corde et il la tenait par un bout, en laissant pendre l’autre bout de cette corde, garni d’un bon nœud coulant, qu’il sut diriger adroitement de manière à faire passer ce nœud coulant dans le bras du père Griffon. La chose faite, Crébillon attira la corde à lui, en serrant le nœud coulant dans lequel se trouvait engagé le bras du sonneur. Celui-ci sentit cette étreinte subite, sans oser y porter la main qui lui restait libre, et cela, dans la crainte de rencontrer quelque chose d’horrible, ou de se brûler les doigts à l’anneau de fer rouge que la pression de la corde lui faisait imaginer autour de son bras ; il resta donc pétrifié, fermant les yeux et poussant des soupirs, faute de pouvoir crier au secours, presque défaillant au fond de l’âme, et promettant des prières au bon saint qui le délivrerait des griffes du Moine-bourru.