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Prosper Jolyot de Crébrillon, né en 1674 à Dijon, fils d’un greffier de la Cour des Comptes de cette ville, fut envoyé, de bonne heure, à Paris, pour y faire des études qui pussent lui permettre d’entrer avec distinction dans la carrière de la magistrature, où sa famille s’était illustrée depuis plusieurs générations. Dès l’âge de dix ans, il annonçait les belles qualités d’âme et d’esprit qui lui méritèrent l’estime et l’admiration de ses contemporains, comme homme et comme auteur dramatique ; mais son imagination ne s’était pas encore préparée au genre sombre qu’il devait imiter du théâtre grec dans ses tragédies d’Atrée et Thyeste, d’Idoménée, d’Électre et de Rhadamiste et Zénobie ; il aimait déjà le merveilleux, les contes et les aventures originales ; lui-même s’amusait à inventer une foule de ruses comiques, d’intrigues ingénieuses, de joyeuses facéties, pour le passe-temps de ses camarades du collège Louis-le-Grand.


Il se livrait, tout jeune, avec délices, à une paresse dont il ne se corrigea jamais : c’était une rêverie somnolente