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trop vieux maintenant, pour qu’on te fasse fouetter par les pages, en châtiment de tes méchancetés, mais je te défends de reparaître jamais devant mes yeux, sous peine d’être mis à la chaîne et enfermé dans une cage de fer, avec les bêtes de ma ménagerie. Va-t’en !


Louis XIV était le seul homme au monde que Langeli n’osait pas regarder en face : il n’essaya pas de protester contre son arrêt et partit, la tête basse, en poussant de gros soupirs et en pleurant à sanglots. Il alla se cacher au fond des jardins, où on l’entendit gémir toute la nuit.


Le lendemain, on le trouva noyé dans un des bassins du parc de Versailles.


Cependant le roi avait daigné écouter la justification du comte de Bussy, que Monsieur se chargea de présenter lui-même, en faisant intervenir sa femme, qui se plut à déclarer qu’elle ne se sentait pas le courage de garder rancune à un parent et ami de la marquise de Sévigné. Ordre fut donné à l’instant de mettre en liberté le prisonnier, qui demandait à venir humblement se jeter aux pieds de Sa Majesté.


— Qu’il ne soit plus parlé de cette sotte affaire, dit le roi, et que M. de Bussy se contente de remercier sa cousine, madame la marquise de Sévigné, qui pourra, si elle le juge bon, nous l’amener, ce soir, à l’audition de l’orgue magique du sieur Raisin.


Cet orgue magique avait fait grand bruit, depuis quelque temps, à Troyes, en Champagne, et dans les autres villes de la province. C’était, disait-on, une invention extraordinaire qui tenait du prodige, et peu s’en fallut que l’organiste Raisin, qui en était l’auteur, ne passât