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roulé était tombé d’une des poches du marquis de Sévigné qui n’y prit pas garde, et la duchesse d’Orléans, ayant remarqué la chute de ce papier, avait prié tout bas une de ses dames de le ramasser et de le lui remettre. Ce papier n’était autre qu’une copie de la chanson injurieuse, qu’on avait fait circuler contre elle, en l’attribuant à Bussy-Rabutin. L’indignation de Madame fut grande, mais ne pouvait pas subsister longtemps à l’égard du marquis de Sévigné, qui n’avait pas plus connaissance du papier tombé de sa poche, que de la chanson que contenait ce papier. L’agent inconnu de cette lâche machination avait poussé la perfidie jusqu’à signer du nom de Bussy-Rabutin la chanson satyrique, qu’on avait voulu faire passer ainsi sous les yeux de la princesse, qui y était l’objet des plus ignobles injures. Elle demanda pourtant des explications au marquis de Sévigné, qui lui raconta le plus naïvement du monde comment Langeli l’avait enfermé à son insu dans une cave des Communs, et comment ce bouffon du roi l’en avait fait sortir, deux heures après, pour le conduire, avec sa sœur, chez la princesse. Il n’en savait pas davantage, et il se plaignait amèrement de ce que cet impertinent individu s’était permis d’attenter à sa liberté, sous prétexte de l’empêcher de châtier un comédien qui l’avait insulté.


Louis XIV avait donc fait comparaître Langeli, pour l’interroger sur les méfaits dont il paraissait coupable, car ce ne pouvait être que lui qui avait glissé dans la poche du jeune Sévigné la chanson diffamatoire, que ce dernier ne soupçonnait pas même avoir apportée avec lui dans la chambre de la duchesse d’Orléans. Celle-ci, irritée