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de son innocence, en priant M. le comte de Saint-Aignan de vouloir bien se faire garant de ma déclaration formelle à cet égard : M. le comte de Bussy-Rabutin, maréchal de camp des armées du roi, est incapable d’une pareille noirceur et d’une si odieuse ingratitude, il proteste de toutes ses forces contre ses accusateurs et il demande à être placé en face d’eux pour les confondre. Je supplie M. le comte de Saint-Aignan de venir en aide à la démarche que je me suis permis de tenter auprès de Votre Altesse Royale, avant d’aller me jeter aux pieds du roi et lui demander justice et grâce pour un de ses plus fidèles serviteurs.


— Je ne fais aucune difficulté d’appuyer la démarche si honorable que madame la marquise de Sévigné a osé faire auprès de Votre Altesse Royale, dit le comte de Saint-Aignan. J’ai étudié l’affaire en question, et je me plais à reconnaître qu’il n’existe pas la moindre charge sérieuse à l’égard du comte de Bussy. La misérable chanson qu’on l’accuse d’avoir composée ne saurait lui être attribuée, à aucun point de vue, car, sans parler de l’infamie de cette pièce lâchement calomnieuse, c’est une œuvre si plate, si grossière et si ridicule, qu’on ne peut supposer qu’elle soit de l’homme le plus raffiné et le plus spirituel de la cour.


— On croirait, il est vrai, dit le duc d’Orléans en se rangeant à l’opinion du comte de Saint-Aignan, on croirait qu’elle a été faite par quelque sot de bas lieu, qui ne soupçonne pas même ce que c’est que la langue, l’orthographe et la poésie. Mais ne vous souvient-il pas d’un autre gentilhomme, que je ne veux pas nommer, puisqu’il a