Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée


La marquise de Sévigné, en se présentant chez la duchesse d’Orléans, apprit, avec beaucoup de contrariété, que Madame était allée chez le roi et la reine, avec les deux enfants, que Langeli avait mis sous sa garde. Le comte de Saint-Aignan ne s’expliquait comment ces enfants, qu’il avait fait chercher si longtemps dans tous les coins du palais, avaient été retrouvés par Langeli et conduits directement par lui chez Madame. Il proposa donc à la marquise de Sévigné qui devait être rassurée à leur égard, de l’introduire auprès de Monsieur, frère du roi, dans l’intention de dégager sa promesse vis-à-vis du comte de Bussy, en le tirant d’un mauvais pas.


Philippe de France, duc d’Orléans, la reçut avec autant d’empressement que de curiosité ; il avait depuis longtemps le désir de connaître la femme distinguée, qui écrivait ces incomparables lettres que les beaux esprits de la cour regardaient comme des chefs-d’œuvre. Après les compliments qu’il se plut à lui adresser, il se félicita de la voir revenir à la cour, où elle était toujours présente, depuis douze ans, par les sympathies et les admirations qu’elle y avait laissées, en se retirant à Paris, avec ses enfants.


— Monseigneur, reprit-elle, je m’étais éloignée de la cour, à la suite du plus grand malheur qui pût arriver à une mère de famille, mais aujourd’hui la mère de famille reparaît avec un fils et une fille, qu’elle a élevés dans son veuvage et qu’elle vient mettre sous la protection de Sa Majesté et de l’auguste famille royale.


— Vous devez être assurée de cette protection, répondit Monsieur, et pour ma part, je me tiendrai très