Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne les connaissait, et ils n’avaient parlé à personne. On avait bien idée d’un entretien que le jeune homme aurait eu avec Langeli, le bouffon du roi, mais, comme ce Langeli était craint et détesté de tout le monde, on se garda bien de le mettre en cause dans une circonstance où l’on ne pouvait le faire intervenir sans s’exposer à sa vengeance et à sa haine.


L’heure s’écoulait avec une éternelle lenteur pour la mère, qui espérait à chaque instant voir reparaître son fils et sa fille. La comtesse de Saint-Aignan eut beaucoup de peine à l’empêcher de se porter elle-même à leur recherche, en lui disant que si elle s’éloignait d’un côté, ses enfants viendraient d’un autre, et que ce serait pour elle un nouveau retard dans la joie de les revoir.


— Aussi bien, objecta la comtesse, il n’y avait pas lieu d’avoir la moindre crainte, les deux enfants étant arrivés avec elle à Versailles et ne pouvant être qu’au château. Peut-être, ajouta-t-elle en s’arrêtant à une idée qui lui vint, peut-être seraient-ils allés dans les jardins voir les beaux travaux qu’on y fait ? Je vais donner ordre qu’on s’enquière s’ils y sont. Un peu de patience encore, chère marquise, et nous allons vous les rendre, heureux de mettre fin au souci qu’ils vous ont donné, à leur insu et bien à contre-cœur.


— Il est possible, dit le comte de Saint-Aignan, qui n’avait aucune nouvelle des enfants de madame de Sévigné, il est possible qu’en vous attendant, Madame, ils se soient fait conduire au théâtre, où l’on répète quelques entrées du Ballet des Arts, dans lequel ils ont un rôle l’un et l’autre ; vous ne l’avez pas oublié, Madame la marquise,