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Le comte de Bussy-Rabutin, sous les ordres de qui je servais à la bataille des Dunes en 1654, m’a donné la commission de vous mener auprès de lui, dans l’intérêt d’une affaire qui ne souffre pas de retard…


— Mais, ce me semble, Monsieur, interrompit-elle en souriant, ce n’est pas là un chemin qui puisse honorablement nous mener chez M. le comte de Bussy-Rabutin, lieutenant-général des armées du roi ?


— Ce n’est pas chez M. le comte, que j’ai l’honneur de vous mener, Madame, répliqua-t-il en s’inclinant ; j’ai le regret de vous conduire, par un assez vilain chemin, je l’avoue, aux prisons du château, dans lesquelles M. le comte a été amené hier par ordre du roi.


— M. de Bussy dans les prisons du château de Versailles ! s’écria madame de Sévigné, aussi étonnée qu’attristée de cette nouvelle.


— Il est probable qu’il n’y restera guère, repartit le gentilhomme, puisque vous avez pris la peine, Madame la marquise, de venir lui prêter votre appui. Tous les amis de M. le comte de Bussy l’espèrent du moins. Si vous ne fussiez pas venue, Madame, M. le comte de Bussy serait transféré, cette nuit même, à la Bastille, d’où l’on ne sort pas aisément, une fois qu’on y est entré.


— Je ne sais pas trop, dit-elle, ce que je puis faire pour être utile à M. de Bussy, dans une affaire que j’ignore absolument.


— J’ignore de même quelle est cette affaire, répliqua le gentilhomme, mais on peut affirmer d’avance qu’elle ne touche pas à l’honneur de M. le comte, qui est l’honneur même en personne. Voilà pourquoi M. le comte de Saint-