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bout cette espèce d’officier de chevau-légers, qui devait la conduire à un but qu’elle ignorait. Elle s’enveloppait seulement dans ses coiffes, pour n’être pas remarquée ni reconnue.


Elle traversa ainsi plusieurs cours, plusieurs galeries, plusieurs passages, qui semblaient s’éloigner du palais central, de ce petit château que Louis XIII avait fait bâtir et que Louis XIV avait pieusement conservé, en l’entourant de superbes bâtiments et en l’encadrant avec beaucoup de goût dans les nouvelles constructions. Tant qu’elle avait rencontré, sur la route qu’on lui faisait tenir, des gens du château, des domestiques en livrée, des officiers de la maison du roi, des gentilshommes et des seigneurs de la cour, qui se rendaient à leurs affaires ou à leurs devoirs, elle n’avait pas eu la moindre inquiétude, ni le moindre soupçon ; mais, quand elle se vit engagée dans une sorte d’allée sombre, entre deux murailles nues qui n’offraient aucune voie de retraite, elle éprouva un sentiment de défiance, qui ne faisait qu’augmenter à mesure qu’elle avançait dans cette allée solitaire. Tout à coup elle s’arrêta et fit mine de retourner sur ses pas. Le gentilhomme, qui la précédait parut comprendre le trouble et l’hésitation qui s’emparaient d’elle ; il revint de son côté et la rejoignit, avant qu’elle eût commencé à faire retraite.


— Monsieur ! lui dit-elle avec un air froid et sévère, vous plairait-il de me faire savoir quel est l’endroit où vous devez me conduire ?


— Volontiers, Madame, répondit-il en la saluant avec respect, maintenant que je puis vous parler ici sans témoins.