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paresseux ? murmurait le comédien, qui s’était emparé du flacon de vin destiné à l’enfant et qui l’eut vidé en trois traits. Il n’a pas encore travaillé aujourd’hui, et après avoir dormi comme un loir, il crie la faim et se plaint d’avoir le ventre vide, quand le nôtre est à peine rempli ! Vous allez maintenant le gorger et l’étouffer de nourriture, de telle sorte que son jeu s’en ressentira et qu’il est capable de s’endormir ensuite sur son épinette !


— Mange, petit, disait la vieille, et ne te soucie pas de ces gronderies. Il n’est pas méchant, ton père, ajoutait-elle, en présentant à l’enfant les aliments qu’il dévorait en silence, les yeux pleins de larmes ; non, il n’est pas méchant, et il a besoin de toi, puisque tu es l’âme de sa machine, mais c’est sa musique qui l’occupe et l’intéresse plus que tout… Mange à ta faim, cher petit, ne te presse pas. Nous avons le temps, et tu peux manger à ton aise… Le pauvre enfant mourait de faim ! dit-elle ; en s’adressant au musicien. Vois, comme il mange de bel appétit !