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voix. J’aimerais mieux être enfermé dans un cachot, que dans cette boîte ! Père, délivre-moi, pour l’amour de Dieu ! J’ai grand besoin de respirer un peu, avant de commencer mes exercices. Je me passerai de nourriture, bien que je n’aie ni bu ni mangé depuis notre départ ! Holà ! vous m’avez donc abandonné, que vous ne répondez pas à mes plaintes ? Par pitié ! grand’mère, obtiens pour moi un quart d’heure de liberté, afin que je puisse reprendre haleine ! Père, au nom du Ciel ! Grand’mère, bonne grand’mère, sauve la vie à ton petit Jean-Baptiste !


Mademoiselle de Sévigné n’avait pu saisir qu’une partie de ces paroles, prononcées avec l’accent de la prière dans l’intérieur du grand coffre, où devait être renfermé un personnage invisible, qui ne se lassait pas de cogner contre les parois de sa prison. Elle n’osa pas attendre de pied ferme les deux individus, qui se querellaient, au moment où ils allaient reparaître dans la chambre, et elle se cacha, toute tremblante, derrière une tapisserie qui la dérobait à la vue de ce comédien et de cette vieille bohémienne, qu’elle n’avait pas oubliés, depuis la querelle de son frère avec eux.


— Auras-tu bientôt fini de faire le sabbat, méchant garçon ? s’écria le comédien, d’une voix de stentor. As-tu juré de ruiner ta famille ? Je ne sais qui me tient que je ne te roue de coups, mauvais drôle ! Je t’emprisonnerai dans ta boîte, dix jours durant !


— Jacques, sois donc plus humain pour l’enfant ! reprit la vieille femme, d’un ton suppliant. Le pauvre petit est encore à jeun depuis ce matin…


— Il a eu le temps de dormir, répliqua durement le