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l’heure du souper, et elle ne trouva pas sur son chemin un seul domestique. Enfin, après bien des tours et des détours, elle parvint, quand le jour lui faisait défaut, à gagner un corridor éclairé par une lampe. Elle se crut sauvée, d’autant plus qu’elle distinguait, à l’extrémité de ce corridor, une assez vive clarté qui venait d’une porte entr’ouverte.


Elle se dirigea rapidement vers cette porte et entra dans une grande chambre, où elle entendait une voix étouffée et inintelligible, accompagnée de petits coups répétés, qu’on frappait contre les parois d’une caisse sonore. La personne qui occupait cette chambre ne devait pas être loin, car elle avait laissé sur une console deux grosses bougies allumées. Au milieu de la pièce, il y avait une espèce de coffre immense, dont la forme était assez inusitée, pour que mademoiselle de Sévigné se rappelât avoir vu, le jour même, ce coffre bizarre, porté sur un haquet, que traînait un cheval et que conduisait un homme en costume de comédien, celui-là même avec qui le jeune marquis de Sévigné s’était pris de querelle sur la route de Versailles. Ce souvenir imprévu n’annonçait rien de bon à mademoiselle de Sévigné, qui n’avait rien de plus pressé que de sortir de cette chambre, mais elle en fut empêchée par l’approche de deux personnes qui allaient y rentrer, en parlant à demi-voix. En même temps, les petits coups, qu’elle avait entendus résonner comme dans un meuble, retentirent de nouveau, et la voix qui les accompagnait sourdement devint plus distincte et plus grondeuse.


— Voulez-vous donc que je meure là-dedans ! criait la