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du but qu’elle espérait atteindre, et lorsqu’elle essaya de retourner en arrière, elle reconnut avec anxiété qu’elle s’était tout à fait égarée.


Son effroi s’augmenta de plus en plus, quand elle entendit pousser des cris, qui retentissaient par intervalles à travers les longues galeries voûtées et que les échos souterrains se renvoyaient de l’un à l’autre, en rendant ces cris lointains plus inarticulés et plus confus. Elle écoutait, immobile et terrifiée : à plusieurs reprises, elle avait cru reconnaître la voix de son frère, mais aussitôt cette voix, qui semblait prendre le caractère de la menace et de la colère, avait été couverte par des éclats de rire prolongés. Puis, des portes s’ouvrirent et se fermèrent avec fracas, et tout rentra dans le silence. Mademoiselle de Sévigné fut plus effrayée de ce silence, qu’elle ne l’avait été des bruits vagues et incertains, qui lui annonçaient du moins la présence de quelques êtres vivants. Elle doubla le pas et n’eut plus d’autre idée que de sortir de l’ombre qui semblait à chaque instant s’épaissir autour d’elle, car la nuit approchait, et la pauvre jeune fille pouvait prévoir que, d’un moment à l’autre, elle se trouverait arrêtée, sans savoir où elle serait, au milieu des ténèbres.


C’est alors qu’elle se vit au pied d’un grand escalier, qui paraissait aboutir aux étages supérieurs. Elle ne songea plus à descendre, pour arriver à un passage qui la ramènerait à la grande cour des Communs ; elle se préoccupa plutôt de monter dans les Communs, où elle aurait chance de rencontrer un des gens du château, qui l’aiderait à regagner son carrosse. Malheureusement, c’était