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de spectateurs, qui l’empêchaient de distinguer ce qui se passait. Elle entendait seulement le bruit confus d’une altercation, dans laquelle dominait la voix de Charles de Sévigné.


Elle attendit avec anxiété la fin de l’aventure et elle avertit le petit laquais, qui était debout à la portière du carrosse, de prêter secours à son maître, dès qu’il en serait temps. Le petit laquais, qui n’était pas d’âge à intervenir utilement dans un conflit où son jeune maître aurait besoin d’aide, profita de la permission qu’on lui en donnait, pour venir se réunir aux curieux qui étaient bien aises d’assister au débat d’un jeune seigneur avec un comédien.



Ils entrèrent sous la voûte principale des Communs du château


Quand mademoiselle de Sévigné constata que son frère n’était plus là, et que la foule qui l’avait entouré se dispersait, elle eut à cœur de savoir ce qu’il était devenu et de lui porter elle-même aide et secours, s’il en avait besoin. Elle triompha de sa timidité naturelle, sous l’empire de son affection fraternelle, et elle descendit de carrosse, sans attendre le retour du petit laquais qui s’était éloigné. Elle se dirigea résolument vers l’endroit où Charles de Sévigné avait disparu et elle n’hésita pas à s’avancer dans un corridor solitaire, que son frère avait dû suivre en partant du même point qu’elle. Mais, quand elle arriva dans une espèce de carrefour auquel aboutissaient cinq ou six chemins différents, elle en prit un au hasard, lequel n’était pas sans doute celui que Charles de Sévigné avait pris, car elle n’eut bientôt plus l’espoir de le rejoindre : elle marchait hâtivement, sans rencontrer personne, au milieu d’un dédale de passages obscurs, qui l’éloignaient