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d’une injure, lorsque celui-ci lui toucha l’épaule avec le sceptre à grelots qu’il n’avait pas cessé d’agiter, comme l’emblème de son autorité.


— Monsieur le marquis ! dit-il avec un accent impérieux et sévère, que démentait l’expression burlesque de sa figure grimaçante, nous avons le regret de vous placer sous notre surveillance immédiate, pour éviter un scandale dans la maison du roi, et pour nous opposer à un duel entre deux hommes d’honneur. Vous plaît-il de me suivre, Monsieur le marquis ?


Sévigné crut avoir affaire à un officier du palais ayant à exécuter un pouvoir quelconque, que cet officier tenait de ses fonctions ; il ne fit aucune résistance et suivit silencieusement ce nain grotesque, qui marchait en avant, son sceptre levé, comme pour affirmer le droit d’arrestation qu’il avait invoqué. Ils entrèrent sous la voûte principale des Communs du château et s’enfoncèrent dans des corridors tortueux et sombres que connaissait le guide de Charles de Sévigné. Ce dernier n’avait pas peur, mais il éprouvait une sorte d’inquiétude, en s’imaginant qu’il allait comparaître devant un tribunal, car il n’ignorait pas que les duels étaient interdits sous les peines les plus rigoureuses et que le Tribunal des Maréchaux de France ou de la Connétablie réglait sans appel toutes les querelles de point d’honneur.


Mademoiselle de Sévigné avait compris que son frère, dont elle redoutait les emportements et les violences, s’était engagé imprudemment dans une querelle dont elle ne pouvait apprécier à distance l’objet et la portée, mais elle avait vu se former autour du centre de la dispute un groupe