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Cordoue doré. Il tenait à la main une espèce de sceptre, à l’extrémité duquel s’agitaient quatre grelots d’argent. Ce sceptre de bois d’ébène, qui n’était pas une canne, devait être un bâton de commandement, et servir d’attribut aux fonctions qu’il avait à remplir dans le château.


— C’est probablement un des concierges du château, dit Charles de Sévigné. On croirait volontiers qu’il a été choisi exprès pour faire peur aux gens.


— Si nous étions en carnaval, reprit mademoiselle de Sévigné, je penserais que c’est un vrai carême-prenant.


Tout à coup Charles de Sévigné reconnut, dans un coin de la cour des Communs, le haquet qui avait si bien éclaboussé le carrosse de sa mère. Le bahut, enveloppé de couvertures et de toiles à matelas, qu’il se souvenait d’avoir vu sur ce haquet, ne s’y trouvait plus, mais le cheval était encore attelé, et le petit marquis aperçut, à l’entrée d’un passage voûté, le conducteur du haquet, lequel ne portait plus son costume déguenillé, en toile à carreaux de couleurs, mais qui se montrait dans un costume de théâtre en velours noir parsemé d’or, avec une toque à plumes noires, comme s’il allait monter sur la scène.


— Par la mordieu ! s’écria Charles de Sévigné, voici le coquin qui nous a inondés de boue et qui n’en a fait que rire. Je veux lui dire son fait et le traiter comme il mérite de l’être.


— Quelle folie ! reprit mademoiselle de Sévigné, qui cherchait à le raisonner. Tu n’iras pas sans doute te commettre avec ce comédien !


Mais Sévigné avait déjà sauté à bas du carrosse et courait