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les deux reines, la reine-mère Anne d’Autriche et la reine Marie-Thérèse sa femme, avec sa belle-sœur Madame Henriette d’Angleterre. Ce ballet, intitulé : Ballet des Arts, se composait de sept entrées ou intermèdes sur des sujets divers, savoir : l’Agriculture, la Navigation, l’Orfèvrerie, la Peinture, la Chasse, la Chirurgie et la Guerre. Le roi avait choisi lui-même les dames et demoiselles qui seraient chargées des rôles de danse, dans chacune de ces entrées. C’est ainsi qu’il se rappela la belle figure que la marquise de Sévigné faisait dans les ballets de cour, avant son veuvage, et ayant été prévenu que la fille de cette dame n’était pas inférieure à sa mère en beauté et en grâce, il avait manifesté le désir de les avoir toutes deux parmi les danseuses de son ballet. Les répétitions de la danse et du chant se faisaient alors une fois par semaine dans la salle provisoire du théâtre, et le roi ne dédaignait pas d’y assister avec les princes et princesses de sa famille.


Madame de Sévigné fut donc invitée à venir passer deux jours au château de Versailles, avec sa fille et son fils, qui auraient chacun à remplir un rôle dans le ballet. Le jeune marquis de Sévigné devait être un des guerriers de la suite de Mars, à l’entrée de la Guerre ; mademoiselle de Sévigné, une des nymphes de Diane, à l’entrée de la Chasse. Quant à madame de Sévigné, qui avait un caractère de beauté noble et majestueuse, le comte de Saint-Aignan lui avait réservé le rôle de Cybèle, dans l’entrée de l’Agriculture, où la duchesse d’Orléans avait demandé le rôle de Flore. L’heure de la répétition exigeait que tous les personnages du ballet fussent à leur poste, vers la tombée du jour, car le roi arrivait ordinairement à