Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée

maman qui s’était endormie. Il me conduisit dans la cour de ce château et se glissa par une porte que je m’étonnai de trouver ouverte pendant la nuit : il me mena dans cette chambre, où j’entendis crier des petits chiens ; c’étaient ceux que cette chienne avait mis bas, peu de jours auparavant, et je l’aidai à remonter sur ce lit qu’elle avait choisi pour y faire sa nichée.


— Il y a des petits chiens ? s’écria Thérèse, en courant au lit avec la pétulance de son âge et en découvrant la courte-pointe qui cachait Cybèle allaitant quatre jolis boule-dogues.


— En vérité, il s’agit bien de chiens ! dit Antoinette, fâchée de cette interruption peu sérieuse, au milieu d’un récit touchant. Les hommes vous ont refusé l’hospitalité, ajouta-t-elle avec émotion en embrassant Marie, et cet animal vous l’a donnée !


— Maman était si malade ! reprit la petite fille : je retournai à la masure et je décidai, par un mensonge, maman à m’accompagner ici, en lui disant qu’on m’avait permis de loger dans cette belle chambre. C’est là que nous sommes cachées depuis plusieurs jours ; cette bonne chienne ne nous a pas quittées, et nous ne l’avons pas chassée de son lit. Ce château n’est point habité, du moins personne n’y demeure pendant la nuit, et je n’y ai rencontré qu’une vieille femme, qui s’est